mercredi 4 novembre 2009

Lullaby

Peut-être que ça ne veut plus rien dire, alimenter encore ce blog mort-vivant. Mais il y a quelque chose aujourd'hui dans l'air, dans la musique dont se remplit ma chambre, qui oblige les choses à être belles, ma bouche à sourire, et mes doigts à écrire. Alors que ce soit peine perdue, renaissance avortée, bref sursaut de foi... peu importe, moi j'ai quelque chose qui bourdonne à l'intérieur, ce matin, et qui veut sortir.

C'était un repos paisible, entrecoupé de rêves ; je reprenais mon souffle entre deux tourbillons d'images. Ma tête était ballotée d'univers en univers, et j'aimais me débattre contre ces étreintes qui vous chatouillent bizarrement, où le monde change de sens et les perspectives se cassent la gueule. Et puis il me sembla qu'on me tirait ailleurs, je sentis mes défenses se rompre et mon corps inconsistant traverser des brumes. Ça courait, autour de moi. Je remuais étrangement. Je m'aperçus que, moi aussi, je m'étais envolée.

Il n'y avait qu'une étendue grise en-dessous de moi, mais elle était loin, bien loin en bas. Je tendais les bras vers l'avant, mes cheveux me cachaient parfois la vue, emmêlés devant mes yeux. Je ne contrôlais rien, tout semblait flotter, moi et les autres, moi et le monde ; en même temps, la vitesse était telle que mes mains se crispaient instinctivement pour agripper quelque chose. Pourtant je n'avais pas peur, parce que j'étais légère, que je montais toujours plus haut, et que le soleil était au bout de l'horizon, rond et rouge comme une pomme bien mûre. Sur mes lèvres entrouvertes se peignait la couleur du couchant ; je rigolais sans savoir pourquoi, goûtant un enthousiasme d'enfant.

Alors, quand tout s'éteint et que le rêve m'abandonna, je clignai plusieurs fois des yeux pour chasser l'éblouissement. Le jour, au-dehors, s'ébrouait, et je souris à la vue des gouttelettes de lumière traversant les volets.

Je remontai la couette me blottis dans les restes de mes fééries nocturnes.
Tu dormais à côté.

Ce n'était rien qu'un réveil un peu tendre et naïf, rien qu'une envolée de rires étouffés vers la promesse d'une belle journée. C'était chaud, agréable, ça sentait bon et ça décoiffait les têtes encore pleines de sommeil.

Quelque chose comme un grain de bonheur égaré sur le coin d'un oreiller.