Et puis ce jour-là, sans savoir d'où, un Prisme remonte et s'impose, et je n'y vois plus que par lui, ses verres opaques, jusqu'au strabisme de toute situation. Alors mon ton s'enraye et mes mots deviennent durs, contre toi parce que contre l'image que j'ai de moi avec toi. Au fond de moi, c'est l'accusation qui gonfle contre nos accords réciproques, et la place que je me crois assignée qui me révolte. Victime. Je t'en veux et j'accueille ce ressentiment sans distance. Je l'abreuve. Tu te cabres. Je m'insurge. Tu t'éloignes. Je retiens. Tu forces. Je pleure. Tu te glaces. Je m'enflammes. Tu t'indiffères. Je m'arrache.
Dehors, la nuit du parc à quelque musique tinte chaudement. On me conduit à la table en terrasse, une personne, oui, entrée plat et un verre de Riesling. J'ai caché mon visage un temps sous le masque, ironiquement bienvenu, puis je l'ai tombé. Après tout, quelle importance : tu es à deux pas dans la chambre, mais tu n'es plus là avec moi. Pour quelques heures (jours ?) tu t'es cloîtré, je te connais, et m'insupporte ta coquille déçue, ce retrait violent que tu m'infliges quand tu as mal. Je dois réajuster mon corps et mon cœur dans cet espace d'où tu as fuis, où tu joues la distance.
Et je m'octroie le droit de t'en vouloir, oscillant entre colère et tristesse quand je sais trop fort aussi que j'y suis pour quelque chose.