samedi 27 mars 2010

Lourd. Froid. Identique. Inerte. Impassible. Pesant.

Incapable. Tremblant. Gris. Seul.

Résigné. Triste.

Fatigue.

lundi 15 mars 2010

Aujourd'hui

Un doux sourire plonge dans mon lit depuis la fenêtre de soleil. Mes draps s'ébattent en silence, l'assourdissement est proche. La lumière, en paillettes, disperse le regard sur les murs de la chambre. Tiédeur d'enfant.

Au-delà, un monde de grandes personnes, des avenues grises, et des horaires. Dehors des bruits, des chantiers qu'on construit, un avenir qu'on bricole. Je ne ferme pas les yeux, j'écoute de mon bord lointain les gens qui vivent autour. J'écoute absente.

Lent tourbillon des heures amollies sur la ville. Suspension de l'idée, au bout de la plume, du geste vers l'autre. Isolement. Sans doute au bout d'une branche une feuille s'agite. Mais ici rien ne bouge. Humeur noire qui s'écoule, sous l'éclat blanc du ciel, canaux gris, langueur qui pénètre.

Même les larmes ne savent plus naître, dans l'embrassade brune des clairs après-midi. Même les larmes, même la tristesse, s'éclipsent, persistent. On m'a dit que c'était décollement, adhérence en péril, effets sans cause : mélancolie.
Ou encore moins, grain de sable qui gratte un coin de l'âme, mot qui reste de travers, ou regard qui ne passe pas.

Dans la chambre close, on n'est jamais seul.

Souffle sans fraîcheur. Morne-ité. Encore sourire, qui ne perce pas.
A quoi bon tout cela ?
C'est un retour des vieilles rengaines d'assoupissement, à l'ombre des classeurs ? C'est une facilité, ce sont les mots qui s'échappent et qu'on écrase sur la page ?

C'est aujourd'hui, tel qu'il me vient.

vendredi 12 mars 2010

Au pays des

Boum-boum-boum. Des saccades, du bruit, tapissent un fond de cave quelconque. Des passantes penchées et craintives contournent le lieu. Je fume un énième cigare sur le seuil voilé d'ombre d'une baraque en ruines ; et mon existence s'échevèle, translucide, auprès des grands lampadaires blafards.

Je vois des cubes montés les uns sur les autres, où percent des fenêtres, où personne ne se penche. Comme un décor, carton, pâte, pierre, éboulés par endroits, s'épaulent ailleurs. Des pans de murs penchent, que l'œil veut redresser. Mais il faut croire qu'il existe encore, dans ce bordel, quelque chose d'architectural, de voulu. Il faut croire que quelqu'un a dessiné ces lignes, et puis la succession de tuiles qui cavalent là-bas, en troupeaux grossiers. Sinon, il se pourrait bien que cette ville ne soit qu'une gigantesque farce.
Un essai, défiguré, relégué au placard des ratures.

Je me sens esquissée.

Des voix appellent, en bas, dans la cave. Échos vagues, dont les marées d'alcool perdent leur force hors des ghettos. Déjà, sur le pas de la porte, leurs embruns sales disparaissent, non pas lavés par le froid, mais ralentis, puis arrêtés. Ils tombent au pied du veilleur.
Je tords mon cigare contre la brise, cherchant à préserver une futilité parmi d'autres futilités - une flamme contre la brise.
Ma tête, heurtée contre un trottoir l'un de ces soirs identiques, me fait mal, tourne à droite et à gauche pour fixer ses yeux mouillés sur l'ombre d'un immeuble, ou l'éclat d'un panneau publicitaire. Je la laisse faire. Mes jambes, aussi, tremblent un peu.
Rien qu'un soupçon de dégoût qui s'ébroue.

Des bouffées hargneuses trouent le soir jaune. Fumée en boule, prête à éclore. Des pointillés parcourent le ventre mou du ciel. Quelque grand ciseau s'apprête à lacérer sa face.

Je rentre, une main ballante au côté. La tête vide, au pays des hontes de fées.