Elle avait goûté ce repos tendre et la joie qui s'y cueillait.
Les amis étaient revenus, appelés à elle par quelque entrain nouveau, surpris d'un retour tardif, heureux de complicités renouées. Il y avait eu des chansons en boucle. Elles nourrissaient tour à tour une colère qui s'autorisait enfin et une naïveté heureuse prompte à espérer. Il avait fallu endurer, pourtant, les derniers reproches, les ultimes blessures, affronter les impasses prévisibles et accepter la dureté attendue de ses mots. Les mots de l'autre, les yeux de l'autre, les gestes de l'autre devenus dégoût, rejet, accusation et honte. La présence de l'autre pesant comme sa honte.
Elle les avait écartés avec des pleurs taris et une rage au ventre.
La rage avait mûri au soleil de printemps et nourri ses fruits – la certitude, le soulagement, comme une paix lésée qui cicatrise.
Et ce sourire, celui d'un autre, l'avait séduite ; elle s'était sentie à nouveau chair – vibrante et désirante. Elle s'était su entière malgré tout, avait reconnu en elle un frisson sensible et un rire sans réserve. Et c'est ce qu'elle avait offert, ce qu'elle avait montré et qui, peut-être, l'avait séduit, lui.
Au piano de nouveaux accords s'étaient posés. Elle voulait les tenir, elle espérait que lui aussi. Elle savait qu'elle pourrait survivre s'il voulait courir le clavier. Mais, là, tout de suite, elle aimait cette harmonie intime jouée à deux, embellie au duo, et voulait la goûter toute. Elle se donnait brute et le prenait cru. Ils s'étreignaient, vifs et doux, brûlants et neufs, meurtris et tendres.
Elle souriait dans son regard et parcourait sa peau. Il prenait en elle sa place et caressait son coeur.
Ils riaient au creux d'un monde à faire, défaire, refaire. Ils y mettaient un bonheur vrai et timide.
C'était leur tour.
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