jeudi 6 novembre 2014

Boucles

"Spiral", ©2012-2014 synth101, deviantart.com
"Spiral", ©2012-2014 synth101, deviantart.com
 

Oui, je sais bien que je t'écoute en boucle depuis hier. Je sais bien que le ressassement, les boucles, les rouleaux qui se déroulant s'enroulent toujours, les cercles, les rondes, je tourne en rond, c'est mon truc, j'y suis à l'aise comme un poisson dans l'eau. Mais justement, en ce moment, j'avance (j'essaie), je romps la ronde horrible des jours semblables, des angoisses résistantes. Et parfois, juste un moment, il faut quand même s'autoriser à lâcher, parfois alors des larmes coulent, presque ignorées, tant on les connaît. Elles ne sont plus tout à fait les mêmes qu'avant, mais elles me ramènent encore à des gouffres de doute, des horizons déployés où se fondent incertitudes, espoirs, recherche d'une transcendance et désir d'arrachement. Désormais, je musèle mes élans. Je crois qu'ils sont plus nocifs qu'autre chose ; que je n'ai plus besoin de me jeter d'en haut du ciel, de tout remettre en cause pour me sentir vivante, de détruire pierre à pierre ce qui se construit, malgré moi, dans le sillage de ma vie.

Seulement un tout petit instant, aujourd'hui je prends un tout petit instant pour déprimer.

Sans mélodrame. Juste une fatigue logée au front, les yeux brillants, des regards perdus vers les fenêtres qui découpent le ciel. Je pense un peu, trop, à toi. Parce qu'il faut bien dire que tu es là, tu es prêt à l'emploi, facile d'accès, disponible pour des fantasmes bien tranquilles au demeurant. Tu cristallises un besoin de rêves, carrefours de chemins à venir, pas encore tracés. C'est pour ça sans doute que j'arpente le croisement des routes à travers ton visage. A travers tes gestes, tes mots, tes pensées dérobées, tout ce que mon être peut inventer du tien, tout ce que je peux mettre dans l'altérité que m'oppose un homme.

Déprime douce, chaude, poétique. Déprime frisson des jours déclinants. Déprime intime, seule avec moi, dans une grande chambre à moi. Déprime qui sent bon les vêtements portés, les choses possédées depuis longtemps.

Déprime, mon chez-moi.

C'est un peu ça, oui.

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