mardi 26 avril 2011

La corde

Encore un jour où ça s'effondre, où je m'effondre. La peur au ventre, l'angoisse lovée, près du cœur, qui tressaille et me rend fébrile. Le soleil coupant, net et dur comme l'acier d'une lame, trace des perspectives brûlantes où tout devient égal. Une chaleur de poussière, à peine rafraîchie au passage d'une brise, traîne dans les rues, s'étiole à l'ombre et conforte mes états d'âme. On peine à respirer. On étouffe en dedans. Quelque chose de tremblant s'agite au fond et secoue de cahots les heures qui coulent, le temps qui poisse. Je m'allonge, je me crispe, je me relève, je sanglote, je me gifle, je m'afflige, je m'assoupis, je m'endors.
Je me réveille.
Je me réveille les nerfs à vifs et l'esprit fatigué. Les yeux tirés de larmes fantômes. Je cherche le visage ami qui m'apaise, et seule, je coule à pic. Non. Je lutte. Je frappe du pied les abîmes banals où ma tristesse s'étend, pour remonter à travers ces nasses fétides de souffrances trop connues. J'essaie de faire danser les mots réconfortants dans ma tête, en rondes, pour qu'à force de répétitions brutales, de violences verbales, ils finissent par prendre sens. Je cherche ma raison dans des puits noirs, à travers mes rages et mon indicible impuissance, pour ne pas y sombrer définitivement.
Je vacille dans cette jonglerie de bouffon.
Il pèse sur mes jours une chape de crainte et des traînes d'angoisse ; un répit parfois me sort de cette litanie sombre. Quand la force en moi s'adoucit, je savoure l'absence, je me réjouis du rien. Je profite du vide qui s'installe en silence, dans la chambre rangée où s'égrène mon désemparement. Je me saisis, avide, d'un rire un peu forcé, d'un verre de vin où je noie des mots qui refusent de naître - où je noie des phrases mortes et des réjouissances morbides.

J'agrippe, hagarde, comédienne, le bout de cette corde sauvage et virevoltante qu'on appelle la vie et qui s'accroche à quoi ?

1 commentaire:

Guillaume Lajeunesse a dit…

Cette corde s'accroche à quoi ? C'est une corde tenue par d'autres, comme dans une farandole ombilicale.