dimanche 22 mars 2009

Les marées du ciel



Retourne-toi. Stop. Marque l'arrêt, indécis, entre le blanc et le bleu. Cherche l'horizon mince, et la limite. Cherche encore la dent crénelée, le chapeau renversé. Et quand tu auras trouvé, retourne-toi, retourne tout, et cherche encore.

Sais-tu sentir la différence, l'oscillation de l'aiguille entre deux secondes? L'agencement prodigieux des formes?
Et mes nuages à moi, qui les trouvera? Si tu ne lèves pas la tête, ils passeront, les coups de gueule du vent, et les mondes en rafale. Peut-être qu'en regardant à nouveau, il n'y aura plus rien. Ce sera tout noir, ou tout blanc. Doux, brutal, indéfinissable. Ça n'aura plus rien du beau miroir de rêves qui nous coiffait, avant.

Saute, essaye, si tu touches le plafonds, si tu touches... Prend garde, tout se défait si vite. Mais avec un peu de précaution, les doigts du poète pénétreront l'écume des jours. Ils s'étireront, se déformeront, ils ne seront plus que d'immenses palmes, prêtes à brasser l'idéal. Ça batifolera, là-haut. Dans le grand bain mouvant, marbré des lignes que laisse l'eau sur la plage quand elle s'embête, les mots s'agiteront ; et il y aura de la mousse, assez pour que les flocons arrosent nos corps, en bas. Oui, tu verras, si tu regardes. Ça débordera.

Surtout, retourne-toi.
Bâtis des cartes, balise les chemins. Comme ça tu verras qu'ils changent sans cesse. Recommence l'ouvrage inutile, et tu pourras renoncer, avec un plaisir inouï, à tes certitudes.
Dessine la poitrine généreuse, remonte le bas d'une jupe; jette au vent les pissenlits en fleurs des cumulus, duveteux comme l'enfance.
Et si le trait t'échappe, affermis ta prise.

Pour sentir l'éternel qui passe.

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