vendredi 27 mars 2009

Réponse à un acte de pétage de plomb


Pétage de plomb?

Oui, pourquoi pas, ma foi, ça peut se comprendre. C'est on ne peut plus justifié, ou justifiable. Car l'origine même de tout emmerdement, cette énergie haineuse qui déborde, ce "je-n'en-peux-plus", ça nous tord le ventre et nous remue tout l'intérieur - pauvre petite chose, incapable de trouver la sortie.

Alors le pétage de plomb, vous comprenez... : la seule solution pour que ça parte! Il faut que les coutures craquent, qu'on opère à vif, avec une entaille bien nette et sans bavure. Il faut cisailler joyeusement, faire gicler les pensées stagnantes, les obsessions qui sentent le renfermé. L'exhibitionnisme nous sauvera! Il faut tout montrer, tout faire sortir. C'est au dehors que doivent rebondir les tracas qui nous minent. Là il y a plus de place pour jouer, pour renvoyer la balle; au lieu que coincées dans nos têtes lourdes (lourdes...) les chimères sont à l'étroit. Elles se cognent un peu partout, incapable de se dépêtrer l'une de l'autre; ça forme un grand tas de merde (bullshit?) qui nous encombre. Un truc horrible, impossible à déloger de là. Quelque chose à la fois informe, inidentifiable, inavouable (inimaginable)... et pourtant impossible à ignorer. Pas moyen de contourner l'entassement de nos problèmes. On se réfugie dans les parties de notre conscience encore saines et épargnées. Mais le niveau monte...

Alors oui, moi j'approuve. Le pétage de câble. La crise de larmes. La Désillusion, en personne. Le "hurlement primaire". Retrouver l'extrême, l'inapproprié, le politiquement incorrect. Se nourrir du démon de la perversité? Comme quoi nous sommes toutes sur la même longueur d'onde.

Docteur, peut-on opérer?

Salle de réveil. Pour l'instant, j'expérimente la sortie d'anesthésie. Je crains le moment où les choses me redeviendront trop claires pour que je puisse croire aux hallucinations. Dans le flou, tout se perd, tout se retrouve. Il y a toujours moyen de s'appuyer sur un fantôme. Mais assurément les gentils messieurs en blouse ne vont pas tarder. Ils m'emmèneront dans la salle carrée - à moins que ce ne soit rectangle, avec quatre côtés, et quelques-uns en plus. Et là ce sera horrible.

Plus rien à l'intérieur, ça a craqué, tout a fui.
Oui mais dehors? La certitude du vide et de l'indifférence? La belle machinerie huilée du recommencement des jours : la duplication des banalités, à l'échelle éternelle du temps. La routine, quoi.

Et bah... Vautrons-nous dans le Néant!
Jetons-nous à l'eau! Noyons notre mal de crâne! Buvons la tasse... comme du poison dans l'eau!

2 commentaires:

Unknown a dit…

Tu as sans doute bien raison... merci en tout cas. Je pense à me faire opérer un de ces jours... :)

Anonyme a dit…

Entrons, pour l'occasion, dans la danse. Eh quoi ! Quels sont ces cris, ces larmes, ces voies d'eau dans le navire ? Avez-vous oublié que c'est le capitaine qui gouverne, et non la tempête ? Non qu'il faille nier les nuages ou raccourcir les éclairs, mais que diable ! Est-ce la première tempête du monde ? Et quand bien même ce serait la fin du monde ? Quand bien même la terre aurait croulé, quand bien même le ciel serait vide et mort, comment osez-vous baisser les bras ? Quel est ce vide que vous pleurez ? Quels sont ces dieux absents que vous implorez en griffant vos bras, en déchirant vos cheveux, en vous frappant le visage (qui pourtant, disiez-vous, était déjà bien trop laid) ? Ne voyez-vous pas que vous êtes au panthéon ? Le ciel vous appartient, prenez-le, semez-le d'étoiles ! Ah, certes, la machine du monde est bien pénible à ébranler. Mais êtes-vous hommes à vous laisser démâter ainsi ? Hardi, les gars, et du jarret : poussez devant vous le CabesTemps ! L'avenir vient en grinçant quand on n'y fait pas face. Une fois, deux fois, vingt fois s'il le faut, nous recommencerons, mais qu'importent les apocalypses : we're gonna rag'narock'n'roll ! ça va être nucléaire. Enervez-vous, lancez-vous, criez-vous, hurlez ! s'il le faut. Ah, certes, la voûte est lourde qui vous écrase les épaules, et l'aigle pernicieux vous ronge sans cesse la foi. Mais que vous importe ? Est-ce un coup de bec qui vous fera lâcher toutes les étoiles ? Votre force vient de la terre, buvez-la par les orteils, sentez-la monter, vous irriguer, vous fortifier : soyez titans ! et vous serez plus grands que tout péril. Ah, certes, l'épopée connaît ses moments d'ombre, et l'ego las trouve au soleil des airs de cou coupé. Mais le hobby vous sauvera. Exprimez-vous, vous dis-je ! Ainsi seulement vous dissoudrez l'anneau perfide qui vous efface et veut vous changer en spectres. Hardi ! Et qu'aucun tremblement ne vous arrête. Affrontez les épreuves, ne les évitez plus, et que ce qui doit briser brise ! Car à quoi bon crier de peur ? Vous resterez toujours, vous serez toujours là à la fin de toutes choses, et de vous seuls dépendront les nécessaires recommencements. Ne laissez pas paralyser le présent. Vous allez la vivre, cette vie, et toute entière ! Accrochez-vous, crachez, rugissez s'il le faut, mais tenez bon. Le monde dépend de vous. Il faut le faire tourner. Et puisqu'il faut ramer, ramons en chantant. Souquez ferme !