jeudi 31 juillet 2008

Ombre, ciel et majesté


Encore un jour se lève sur la planète France...

La panse prend des dimensions incroyables, le thermomètre prend ses aises, fait bouillir l'été... Les montagnes gardent pour elle toute la fraîcheur des hauteurs, et nous nous réfugions à l'ombre. Depuis notre escapade près de la Bazoche, j'ai appris à me tenir face à mam'zelles les mouches et les abeilles. Mais bon... Contentons-nous d'une neutralité librement consentie, remettons à plus tard les délicatesses de l'amitié.

Aujourd'hui, donc, escapade dans les Vosges, près du Petit Ballon, après escale dans une ferme auberge. Et plus ça va, et plus je me dis qu'un jour, mes chers béhèles, on viendra ici. Traîner en montagne, prendre le soleil, déguster, écouter l'accent chantant de l'Alsace et goûter ses p'tits gâteaux, s'enivrer au Gewürzt', courir dans les vignes, jouer les touristes, revêtir le costume traditionnel et parler aux vaches qui font tinter leurs cloches.
On a la vie devant nous...

Il paraît que l'orage approche; dehors le ciel s'orange sur les sommets. Les Vosges sont d'un vert sombre, presque gris; elles ont le poil court, celui des sapins. De loin, ça a l'air rugueux, râpeux, comme une moquette rêche. De la fenêtre, je vois des façades de toutes les couleurs où s'entrecroisent parfois des poutres.
Ma soeur lit sur son lit, je suis accro à mon clavier et à Internet.

J'ai regardé à nouveau quelques films des Thesnières, je me suis marrée toute seule.
Dans la voiture, en rentrant, j'ai scruté les nuages qui s'étiraient, qui traînaient, faignants. Mes yeux ont glissé sur les plaines vertes, toutes lisses. J'aime ces moments où l'oeil a la folie de croire qu'il peut tout embrasser d'un coup, le ciel immense, la terre qui s'arrondit à l'horizon, les têtes folles des arbres et la respiration du monde. Ces instants ont perdu de leur nostalgie, ils ne me rendent plus triste sans savoir pourquoi, au contraire. Ils m'apportent une stabilité, des certitudes qui ne s'expliquent pas, qui ne se désignent pas.
Je pourrais rester des heures à regarder là-haut, l'espace immense qui gigote au-dessus de nos têtes, comme s'il m'emmenait. Pas ailleurs, mais ici, dans cette vie. Comme s'il me montrait les choses différemment, avec du recul et une bienveillance diffuse, comme s'il me chuchotait tout bas ce que j'oublie souvent, les gouttes de bonheur qui sèchent sur les feuilles du quotidien. Dans ce grand miroir bleu, je me vois. Je vois ceux que j'aime, ce que j'ai été, ce que je serai; ce qu'ils seront, ce qu'ils aimeront, ce que j'aimerai. Je vois tout ça inextricablement lié. Cohérent.

Alors, parfois, l'esprit accroché aux cumulus, je me dis que je sais. Quoi? Quelque chose qui échappe, qui se dérobe, mais pas tellement. Plutôt quelque chose de tellement évident que ça s'effrite quand on veut le dire.

J'ai l'impression de surplomber la vie et d'en être au coeur.


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