jeudi 4 septembre 2008

Outre-tombe


Fragile farandole, les bleus et les roses se suivent
Un fatras éclairé par en-dessous
Le clair de lune qui refuse de luire, qui rigole, qui s'en fout
Et les astres qui hésitent, comme des cristaux inquiets

Je sens l'aube de la nuit révéler ses canines
Contre le feu du soir qui s'éteint les soupçons déteignent
La couverture du ciel a pris des couleurs brunes
La procession des âmes seules peuple les rues dormantes

Sous l'aspect des vieux murs aux longs favoris gris
La rouille des siècles gratte une peau ternie
Le souffle fatigué des caniveaux et des lanternes
Résonne en échos pâles qui cognent la voûte nue

On frappe à la fenêtre, les os du silence se brisent
Puis tout reprend la courbe immuable des longs corridors urbains
Où se cachent des porches, où se vautrent les hommes
Qu'on abandonne, gisant, le long de sentiers bordés d'oubli

Recule cette main qui pénètre le sanctuaire des dieux
Referme cette bouche où pénètre l'air fade de la nuit
La voix porte en sourdine dans les champs incolores du monde
Quand tous les chats sont gris, supporte les lumières qui grondent

Je veux sentir le souffle clos et les grandes prières
Voir frissonner la mort sur son socle de pierre
Laissons les crépuscules sonner l'ordre de guerre
Le destin balayer les parvis de l'Enfer

Autour des chandeliers brûlants, les rêveurs ont grande allure
Dans leurs linceuls blancs prodiguent des caresses horribles
Je referme le vieux grimoire, la chaleur me dévore les yeux
La voilà la prophétie noire qui réveille les malheureux

Qui pose un doigt sur la roue de nos vie, arrête l'engrenage
Dans l'attente éclatante des éclipses, j'entends d'autres rivages
Je respire une agonie ancestrale qui se plaît à durer
J'appelle au secours face au monde et aux portes fermées

Il reflue en moi, le souhait d'un au-delà nouveau
Je suis le lacis des couloirs innombrables
Là gémit une aurore qui refuse de poindre
Je ne sais plus recoudre les vides de nos étoiles

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