mardi 23 septembre 2008

UNO


Mon blog tombe en désuétude.
Inutile de le nier, mes pensées, mes mots et mes journées se cassent un peu la gueule sur l'absence d'habitudes dont elles sont ordinairement entourées, sur ce train-train routinier qui leur manque. On se lève chaque matin pour innover dans cette atmosphère flotteusement euhénessienne, parce que personne ne vous prend par la main pour faire marcher sur des lignes proprinettes. Certes il y a des rencontres avec des gens censés vous apporter un peu d'aide. Mais malgré eux ils vous renvoient à votre propre liberté désespérée.
C'est vous qui choisissez.

Êtes-vous sûrs de savoir pour quoi vous êtes faits? Aucun doute, aucune hésitation? Pas la moindre sueur froide au réveil ou dans l'endormissement, quand vous apercevez votre vie comme un tube de dentifrice impossible à reboucher, duquel s'échappent des masses molles et informes que vous ne parvenez pas à rattraper? Toujours une certitude inébranlable et malaisée à manier, toujours ce poids dans le ventre, cette résolution dans la tête quand vous vous dites: "moi, je ferai ça"?

Je me bats avec des séries d'horaires à donner mal au crâne aux bestioles les plus amorphes de la création (carpe, ruminants à sabots fendus... voire, pour les plus tordus, carpes à sabots fendus). Des papiers, des brochures et des emplois du temps voltigent dans les cadres déformés de mon cerveau post-prépa.
Bonne nouvelle, ma motivation a pourtant (un peu) repris du poil de la bête; je sens des plumes acérées et des crayons prêts à s'épanouir sur des pages blanches, je sens de mauvais calembours prêts à péter. Je sens l'adresse mail (très chic) "@ens.fr" chauffer, grappiller ça et là sur la toile Web (où s'engluent nos moindres mouvements et nos moindres choix) des contacts plus charmants les uns que les autres. Je sens les choses prendre peu à peu leur place, et j'aime ça. Au risque de craindre de les déplacer.

Proust m'a fait délirer avec ses histoires de chambres à coucher; mais j'admets reconnaître ma propre conscience dans ce fluide invisible qui vient palper des murs et des meubles encore inconnus pour y créer des habitudes. Je travaille tout simplement à réduire l'espace laissé libre à la colonisation errante de mon esprit désormais plus parisien que jamais: je postérize les surfaces immaculées de mon nouveau chez-moi. Cat envie mon Johnny Depp au-dessus du lit. C'est parce qu'elle n'a pas vu que le cavalier sans tête est plus proche de mon oreiller que le beau ténébreux au sourire imperceptible.

Entre les opérations diverses d'emménagement, de décoration, de ravitaillement, d'organisation, il reste encore un peu de place pour le reste...
C'est-à-dire le reste. Les mecs. Une magnifique déception, aussi belle que drôle. Un coup du sort qui pour une fois me fait pouffer de rire avec le destin. Parce qu'on ne peut pas toujours lui en vouloir. Mais je garde les yeux bien ouverts, rassurez-vous.

L'amitié pétille à chaque coin de rue.

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