mercredi 25 juin 2008

"L'amour sent confusément que son seul dérivatif réel est le travail" (Radiguet, Le diable au corps)


Que d'heures ont passé depuis hier soir. Elles ont fui vite, parfois. Maintenant elles me semblent avoir été si longues...
J'ai brassé ma déprime incompréhensible (enfin, partiellement incompréhensible), pleuré sans savoir pourquoi, tout en sachant pourquoi. Tout en sachant que mes raisons n'en étaient pas. Ma chambre, mon bureau encore dérangé. Salon, identique. Les fauteuils de cuir ont imprimé leur silhouette dans ce paysage intérieur. J'ai même regardé "Un jour une histoire" (que ceux qui me jettent la pierre s'avisent qu'ils témoignent par cette indignation qu'ils connaissent ladite émission... et que les autres ne se croient pas tenus d'y goûter!). Puis l'organisation de la soirée, la facilité avec laquelle il suffirait d'envoyer un SMS, d'annuler. L'informatisation totale, l'absence de contact, la dépersonnalisation du texto. Parfaitement ce qu'il me fallait. Dans le doute, abstiens-toi, a-t-on coutume de dire. J'ai tiré à pile ou face. Pile a gagné; direction Paris.


RER, métro. Des gens que je ne supporte plus, sans les avoir jamais vu. Des visages qui me semblent grossiers, vulgaires, impurs. Des sourires mal placés qui font de mes regards des éclairs de mépris. La musique dans l'oreillette, les larmes au coin des yeux.

Quels remèdes contre la déception? McDo et Docteur House. Fainéantise entièrement assumée, quand d'ailleurs on n'assume plus grand chose. La nuit approche, le maquillage rend les paupières luisantes, et les pieds se cambrent. Les hanches ondulent dans les vagues de musique surgies de l'entrée de la boîte. On rentre.

L'endroit est sympa, deuxième fois que je visite. Incroyable comme le temps semble s'arrêter, en même temps que tout mon corps me fait sentir la durée de chaque seconde. Fatigue, mal aux jambes, ô mes joies des soirées dansantes! J'avais dit que je ne le ferais plus, que ça faisait trop mal... Non je ne parle pas de jambes lourdes, mais de ma tendance à scanner automatiquement tout ce qui me passe sous les yeux. J'ai décidé qu'il fallait opter pour le repli, la protection. L'indifférence, mais c'est ça qui est encore plus douloureux. Alors on succombe.

Ou pas, vu qu'il n'y avait pas tellement de beaux mecs. La musique, les basses, les stroboscopes, tout ça fait bouillonner le sang, accentue les déhanchés. Plus qu'une seule chose à faire: fermer les yeux. Tout s'éloigne, et c'est tant mieux.

Sortie. Paris by night, les Noctambus et leurs habitants. Morphée nous rejoint bientôt. Je suis sûre qu'il nous prend dans ses bras, mais qu'il s'endort avec nous. J'ai pitié des âmes fatiguées.

Aujourd'hui, amélioration de mon moral intérieur: ou comment vaincre la fébrilité en faisant chauffer la carte bleue (et si possible pas la sienne). SOLDES. L'impression de se reconquérir soi-même à chaque nouveau Tee-shirt acheté. Recouvrir tout cette perte de confiance d'une couche 100% coton. Se reconstruire, soi, son style, ses envies, ses idéaux. Comme quoi la mode ça n'est pas si superficiel.

Et on revient.

Et on échoue immanquablement devant cet écran d'ordinateur. A se demander pourquoi on écrit. Et à comprendre qu'aucun motif n'est requis.

Qu'on en a juste besoin.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Ben alors... Toi aussi tu succombes au blues du khagneux ?

Je n'ai pas de conseil à te donner, à part peut-être celui ci : éclate toi et fais en sorte d'avoir toujours quelque chose à faire.

A demain en tout cas. A midi sans doute :)