dimanche 5 octobre 2008

"Des riens, ce sont des riens qui sont l'essentiel. Ils finissent par vous perdre." (Crime et châtiment, DOSTOIEVSKI)


On me dit qu'on ne lira pas mon dernier post, ésotérique et surtout long, trop long. Je réponds que cela ne fait rien, que je l'ai lu et relu pour les autres, et que son écriture m'a fait plus de bien que ne vous en fera sa lecture.

Un dimanche, donc, encore un, comme toutes les semaines. Celui-ci s'annonce pluvieux et venteux. Le ciel est gris dehors, vaguement lumineux. On sent bien qu'il y a quelque chose derrière qui veut pousser un grand coup de gueule, mais que ça ne parvient pas à passer. De la frustration des ciels de mauvais temps en milieu tempéré?

Tiens, je me demande s'il ne pleut pas... Retour dans ma banlieue/campagne, sous des auspices indifférents. Ces derniers temps, j'écris un peu partout, sur tout ce qui me passe par la main. Mon agenda, mon cahier, mes feuilles de cours l'ont appris à leurs dépends. Je laisse des phrases esseulées dans tous les coins de ma chambre, sans avoir l'intention de les relire un jour. Un peu égoïste... Finalement je prive de leur raison d'être ces vers, ces ritournelles de mots que je couche sur le papier. Je ne sais même pas si ça me soulage.

D'ailleurs, me soulager de quoi? Il est temps que les cours reprennent, que je cesse d'être "seule" face à moi-même. C'est très dur de vivre avec soi, en permanence. Plus exactement, c'est très dur de ne vivre qu'avec soi. Sans les grésillements bienheureux d'arrière-plan, les cours, le boulot le soir, le stress, l'abrutissement quotidien devant l'écran d'ordinateur. Je suis sûre qu'à force d'être confronté à sa propre compagnie, matin et soir, on finit par développer une hyper-sensibilité très mal placée. Prétentieuse et vaine. Et fatigante.

Je devrais me replonger dans des choses plus constructives. Terminer (ou déjà avancer) Evrasth. Essayer de débloquer la situation (j'ai calé pendant la scène du lever des Soleils). Ça avançait bien pourtant... Dur de se concentrer longtemps sur la même histoire. J'aime les inventer, les ciseler, et les terminer abruptement, sans prendre vraiment la peine de conclure. Essayer de développer une réelle intrigue, voilà l'enjeu de cette année!!

Quoiqu'il en soit je retrouve le plaisir de regarder les gens autour de moi, d'observer la vie à l'état brut fourmiller dans Paris (et ailleurs...), se nourrir des basses réalités de notre quotidien comme de nos rêves les plus fous. A force de s'accrocher à ces visages, ces silhouettes qui évoluent autour de nous, on finit par y voir autre chose. Comme si on touchait à quelque chose de plus grand, de plus rassurant. Une certitude générale, quelque chose d'intangible, peut-être. Attention au syndrome divin, cependant.

Je m'aperçois que j'apprécie de plus en plus les instants de nuit que j'apprends à connaître, autour d'une bière, d'un DVD, ou d'un thé. Il me semble que j'ai écrit quelque part, il y a peu..., oui, c'est ça: "Après une soirée, quand il est tard, plus tard que tard, qu'il est dur d'aller se coucher, d'abandonner la sérénité nocturne où tout devient flottement, suspension! On a l'impression de vivre des moments interdits, des secondes et des heures qui n'existent pas pour les enfants et les couples plongés dans leurs draps. La nuit nous offre cette petite victoire, un moment d'éternité entre le crépuscule et l'aurore, un instant divin où nous nous sentons puissants, prêts à accomplir de grandes choses, à changer le destin du monde d'un claquement de doigts, à le magnifier d'une phrase négligemment jetée sur le papier jaune d'un poète inconnu. (...) Il est des choses qu'on ne peut voir que dans l'obscurité.".

Un peu pompeux peut-être... Enfin, assez propre toutefois à transcrire ce que je crois.
Que faire alors de nos journées? Celle qui vient s'annonce, pour moi, assez morne. Enfin je pense. Non que cela me désespère; j'accueille plutôt cette vérité comme une nécessité (non, je n'ai pas dit "fatalité"...). Bien sûr que j'ai des choses à faire; bien sûr aussi qu'il est très probable que je ne les fasse pas. Pourquoi? Oh, la psychanalyse serait aisée; apathie, désintérêt, narcissisme, état larvaire, rêverie...
Bof, je pense qu'il est plus simple de dire : "Je n'en ai pas envie".

(pix: Rain... rain, by LonelyPierot, deviantart.com)

1 commentaire:

KhâlmarTsum a dit…

... Un vague souvenir me revient, celui d'un créneau horaire particulièrement propice à la création vague, confuse, à se perdre dans les feuilles, dans les crayons, et dans les ondes radios, entre minuit et 3-4h... On se réveille, et la fatigue nous fait devenir plus lucide que jamais. Ce qu'on a pu barbouiller des heures durant n'a pas de sens, voire même pas d'intérêt, et la satisfaction nous submerge pourtant.

Mais ça remonte un peu, tout ça.... M'enfin je te souhaite de savourer ces nuits. Elles sont inégalables.