mercredi 1 octobre 2008

Somnambule


Voilà. Il est minuit vingt-cinq, qu'est-ce que je fous encore à blogger à cette heure?
Comme si c'était simplement une question de timing. Back in room, la journée est finie... Mais pour l'inspiration, pour ce besoin d'écrire qui vous prend, pas d'horaires, pas de contraintes.

Les portes de part et d'autre du couloir rose s'alignent. Vos pas claquent sur le lino. La clé est dans votre main, vous entrez. Vous rentrez, plus exactement. C'est que le "r" a son importance. C'est lui qui signifie le retour, qui signifie que vous retrouvez le lieu qui vous habite plus que vous ne l'habitez.

Dehors, plus grand monde. Certes, les nuits parisiennes sont rarement vides. On y sent toujours ce murmure au bord de la rumeur, ce petit grain de voix prêt à s'élever; même le silence fait du bruit, le soir, à Paris.

L'ordinateur s'allume; les diodes clignotent comme une révélation intermittente. Le flambeau de Saint Pierre, tantôt ardent, tourné vers vous, tantôt caché par l'ombre d'un habitant de là-haut, qui passe devant le feu.

En m'asseyant sur mon lit, en laissant mon corps, mes angoisses et mes espoirs s'éparpiller dans cet espace de 12 mètres carrés (ou presque), je sens quelque chose qui se concentre. Une frustration. Le refus d'une certitude. Il y a ce dédoublement entre ce que je vis et ce que je veux, entre ce qui est et ce que je voudrais qu'il arrive. Mes doigts n'en peuvent plus de se retenir, ils attendent avec une avidité dévorante la fenêtre de texte qui sera leur vomitoire.
Non, ce n'est pas de l'art. Ce n'est pas de la littérature, ni de la composition. Rien qu'un bout de vie qui finit de gigoter là, sur la page virtuelle d'un espace virtuel circonscrit dans un grand tout virtuel.

Dans tout cela, qu'y a-t-il de vrai? Ce que je ne puis m'empêcher de raconter ici, cela même a-t-il quelque réalité? On a l'illusion de tout laisser passer, en vrac: fantasmes, inspiration douteuse, volonté de créer. On se berce avec tendresse de l'idée que , dans ce moment, on dit plus que jamais ce qui imprime sa trace au fond de nous. Comme si l'on pouvait rendre parfaitement la marque que laisse le drap sur notre joue, quand on se lève maladroitement le matin. Mais dès qu'on quitte le lit, le dessin ésotérique de nos songes secrets s'évapore déjà.

J'aurais tout aussi bien pu laisser ma carcasse rouillée dans ce grand mou de vert et bleu, derrière moi. J'aurais pu vous éviter un post qui n'a d'utilité que pour la satisfaction (maigre) et le soulagement qu'il m'apporte. Trouvez-vous impudent et vulgaire de se reposer ainsi sur les autres du repos de son coeur?
Ca ne l'est pas. Puisqu'après tout, personne n'est obligé de publier. De longues années durant, j'ai écrit, écrit, écrit... Sans jamais dire quoi que ce soit à personne.

Après avoir vu un film où les gens de tous âges et toutes orientations sexuelles sont en couple non stop 24h sur 24, on se pose des questions. Hum..., non, ce n'est pas vraiment ça. Non, n'imaginez pas que c'est une énième crise de désespoir quant à une situation sentimentale au point mort depuis... (vous n'aimeriez pas savoir depuis quand). Au contraire, c'est la lâche indifférence qu'on finit par attacher aux choses, et dont on se repaît, car on croit y voir une sorte de sagesse supérieure. N'est-ce pas plutôt le renoncement qu'on aime dans cette posture de faux philosophe?

Une petite déception illumine ma soirée. D'ailleurs, si on y réfléchit bien, c'est elle qui m'amène ici, me poussant fermement dans le dos de ces deux petits poings froids. En fait, c'est moins qu'une déception; plutôt une contrariété. Mais ce sont les petites choses qui bousculent les grandes, rarement l'inverse. Nous trébuchons sans cesse sur les angles mal polis des pavés qui couvrent nos vies; nous ne tombons guère par-dessus la rambarde des ponts. Ce sont ces re-directions permanentes et négligeables qui dictent à notre humeur, à nos envies d'écriture, leur contenu.

Cette nuit, je suis trop fatiguée pour relire ce que j'écris. Et même s'il apparaît, par la suite, que c'est presque totalement illisible, tant pis.
Cela faisait bien longtemps que j'avais aussi peu peiné sur mon clavier.

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