vendredi 16 janvier 2009

The edge of love


Laisse-moi t'aimer, je suis prête, je suis tout prêt. C'est comme une évidence, ne le sens-tu pas? Il y a des frissons qui courent tout autour, le dos vaillant de la jeunesse se voûte un peu, de peur de grandir, car nous sommes à l'aube d'un nouvel été. Celui qui commence avec toi, qui porte en lui des promesses et des certitudes moirées au bord des cils et de leurs larmes. Nul n'y prête attention, et pourtant les sourires ont trouvé là leur point de tension. L'éclat qui brille veut nous éblouir, de peur qu'on ne l'oublie, trop vite, avec les béguins d'un instant, ceux qu'on se crée pour ne pas être seul.

Respire, laisse-moi venir, il n'y a que ça à faire, nous le savons. Sans ça, nous n'aurions pas ce même balancement qui nous met au diapason l'un de l'autre, et j'irai encore errante, au bord de mes abîmes d'interrogation, sans vouloir les quitter.
Mais maintenant je ne veux plus, j'ai trouvé le mot juste, la mélodie qui sonne et teinte les choses pour que je les voie de nouveau, nouvelles. Peut-être un soir, ton bras oublié près du mien, peut-être un matin un bonjour échappé de tes lèvres pour venir se poser sur les miennes, peut-être une nuit ta peau à tâtons qui trouve mes gestes aveugles... et le tourbillon trouble sous lequel je résonne. Ce qui n'a pas encore été passe au travers de moi, et me rend forte. Forte de toi, de ta présence qui ne partira pas, où la mienne restera figée.

J'ai trouvé mon point d'ancrage, une larme de rire sur les joues du monde, un carré de ciel bleu au-dessus de mes rêves. Comme ils sont beaux, comme tu es beau... Il est certain que tout commence aujourd'hui pour ne jamais finir, car je maîtrise le temps; de mon pinceau je peins l'éternel qui s'ignore encore, de ma plume je trace l'émail des joies et des peines à venir, que je ne fais qu'effleurer sans les dévoiler. Sans vouloir soulever l'étoffe dont l'amour, dans sa timidité, s'est vêtu.

Plane au-dessus de moi, et je suivrai ton ombre. C'est une déclaration à tant d'autres semblables, et pourtant, si je savais qui tu es... Je ne dirais pas ton nom, je le garderais pour moi. La vie me le demanderait, au terme de nos aléas, lorsque les méandres de nos jours viendraient à trouver leurs embouchures. Elle me le demanderait et je résisterais. Et puis dans une ultime bravade, où la fougue des premiers baisers prendrait sa revanche, je cèderais, certaine d'avoir été aimée.

Je ne crois pas aux prophéties. Je n'ai pas confiance dans les vieux grimoires. Mais je sais lire les lignes qui parcourent mon corps pour aller vers le tien. Même si parfois je les perds, il ne faudra que l'éclair d'une seconde pour que mes pas retrouvent leur course, espérance et mélancolie. Laisse-moi respirer une dernière fois, c'est la note où mes soupirs se posent, la rime où mes élans se brisent.

Les mots où mes mots s'exténuent, pour mourir on the edge of love.

(pix: The Cloister World, Inebrianta, deviantart)

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