vendredi 18 avril 2008

A ce qui fut, ce qui est et ce qui sera


J'ai salué les ans qui fuyaient mon regard, j'ai baissé la tête sur nos regrets, sur nos folies.
Un souffle froid traînait dans l'air comme un souvenir qui résiste. Ton nom est resté pur dans mes tourmentes ; tes mots poussent le grand métronome des âges.
Et le malheur a l'âcreté d'une aube froide qui promet la lumière et la garde.
Et le bonheur a le miel d'un jour qui offre la lumière et viendra la reprendre.

Mes bras se sont levés aux cieux; tes lèvres ont murmuré leurs prières. Comme si tu vivais toujours.

J'ai salué les ans qui ont fui et dans leurs sourires tes promesses renaissaient. Sur les voiles au loin, sur la ligne de fer où jouait l'horizon, le passé a embrassé l'avenir. L'avenir sans toi. l'avenir avec toi.
Et si pleurer était facile, les mouchoirs gondolés tapisseraient les chemins que nous avons parcourus. Ce sont les larmes qui veulent couler sans le pouvoir qui nous coûtent le plus. Ce sont les souffles écrasés dans les poitrines devant l'inébranlable. Ce sont les baisers qui arrivent trop tard, mort-nés.

Le silence était pur au milieu des cris de tous ces étrangers qui vivent sans pleurer. Sans en avoir besoin. Mes mots semblaient aussi nus que le carré vide de bleu qui vibrait sur nos têtes. Toutes les silhouettes vibraient d'une tension accumulée, comme ces formes qui sont nos désirs et nos cauchemars et qui, ne pouvait naître, transfigurent le réel pour qu'il leur ressemble.

L'orage aurait éclaté, sûrement. Sûrement, si mes yeux étaient restés ouverts prêts à le célébrer.
Combien d'êtres ont renoncé à la vie de peur qu'on ne les regarde pas?
A la place, c'est la pluie fine de ce jour d'octobre où nous nous sommes unis qui est venue laver mes divergences sans nombre. Parce que j'avais fermé les yeux.

Il est des choses qui ne croissent que dans le noir, qui ne triomphent que dans les ténèbres, mais ce n'est pas le mal, mais ce n'est pas la haine, car celle-ci se fortifie de tout ce qu'elle croit distinguer du monde.
Ce qui revient rire à la surface de mes nuits intérieures, c'est le souvenir diffus, trop léger pour qu'on risque qu'il s'envole en l'offrant à la lumière.

Mais les jours claquent aux portes de nos vies. Ils aiment la pompe et la fanfare, ils aiment le luxe inutile pour accompagner leur vulgaire matérialité. Les échos de leurs ricanements font rejaillir ce dont je ne veux plus. Ce dont je n'ai plus voulu, dès lors que tu étais parti.

Saurais-je faire ce qui est déjà écrit? Parfois j'imagine les serments de l'avenir gravées dans la roche. Je sais que ce que je vivrai est aussi inébranlable que ce que j'ai vécu. Je sais que ce qui sera est écrit aussi lisiblement que ce qui fut. Je sais que mes bonheurs futurs peuvent être aussi beaux que mes bonheurs passés avec toi. Sans toi. Sans personne. Avec tout le monde.

Question de point de vue. Question d'éclairage. Fermer les yeux. Les ouvrir.
Ne plus rien vouloir entendre. Aimer le son de la pluie, le martèlement des gouttes comme tes pas qui dansaient sur le parquet. Faire un grand noeud de cette vie. Refuser qu'elle fuie, qu'elle échappe. Mais laisser filer les rubans.

J'ai salué les ans qui fuyaient mon regard. J'ai baissé la tête. Et mon corps s'est levé de ce banc où brillaient les étoiles. Et mes lèvres, tournées vers le soleil, derrière, ont goûté à l'aurore. Elle avait la saveur de tes lèvres.

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