Accroupie, elle rêvait à la lune pâle
Refusant, comme un jeu, de regarder là-haut
Sous le ciel ténébreux son palpitant hâlo
Sur l'onde reflété taquinait les étoiles
Déchaussant son pied nu sur la grève boueuse
Elle esquissa un pas innocent dans le sable
Et doucement, sur son chemin, les grands érables
Se penchaient, chatouillaient son oreille rêveuse
Légère, elle s'amusait sur les dunes fraîches
Laissant derrière elle de longues coulées blanches
Et son rire enfantin dans une joie si franche
Faisait vibrer des roches les arêtes rêches
Et pourtant il semblait qu'en ce doux paradis
Une autre âme se tint tranquille sans bouger
Car cambrée tendrement, sous les bosquets dorés
La jeune fille vit ce garçon assoupi
Dans l'ombre elle se mut près du corps allongé
Admirer, oublié, son visage serein
Et effleurant d'un geste de sa belle main
Les paupières closes, elle vint à côté
Tous les deux bien blottis sur le flanc de la plage
Dormaient profondément, un sourire au visage
Et comme une caresse l'inconnu saisit
La main de l'inconnue qui reposait sur lui
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