lundi 3 mars 2008

Jonathan STRANGE & Mr NORRELL by Susanna Clarke



Un bouquin que je ne peux que vous encourager à lire, même si certains ont une préférence pour les manuels indigestes d'histoire ou d'économie (faute avouée est à moitié pardonnée...!!). Il s'agit en fait d'une trilogie, publiée depuis déjà 2004 en Angleterre, et qui est sortie l'année dernière en France.

Quelques réminiscences de mes coups de coeur livresques d'avant la prépa? Peut être... Un livre de/sur la magie (vous apprendrez la différence en feuilletant ce gros bouquin noir (ou blanc ou rouge, trois éditions sont possibles!)), mais surtout, un livre élégant, qui a la classe d'un gentleman Anglais du début du XIXe siècle, la tenue sophistiquée et distinguée d'une lady de l'époque... Un livre "fantastique", si l'on veut, sans pour autant qu'on ait à souffrir le spectacle d'un bataillon de sorcières vous explosant au visage toutes les 10 pages, ni la confrontation fort déplaisante avec multitude de trolls, lutins, elfes,..., ni un voyage infernal et perpétuel à travers portes dimensionnelles, couloirs temporels, etc... Non que ces attributs typiques de la fantasy ou de la SF m'irritent (sinon je ne lirais pas ce type de livres, et je ne vous conseille pas à ceux pour lesquels c'est le cas de s'y mettre), seulement je pense que la tendance à la surenchère est un risque réel pour la fantasy moderne. Les clichés existent aussi au pays des garçons de ferme qui deviennent chevaliers, ou rois, des magiciens confrontés à un fléau maléfique qui menace le monde, et des animaux légendaires...

En clair, Jonathan Strange & Mr Norrel est un livre plein de sobriété et d'élégance, et qui sort de la masse des pseudo-peplums fantastico-aventuro-fictionnesques, sans pour autant renoncer au mystère, à une atmosphère exceptionnellement bien rendue, à un arrière plan "historique" hum... un peu pimenté (pour ceux qui apprécient que l'auteur(e) cherche à créer un monde à part entière, cohérent et sens artificialité (pensons au Silmarillion par exemple), voir l'usage particulièrement intéressant fait des notes en bas de pages => des mythes, des histoires, des légendes qui se superposent au récit principal pour lui donner une profondeur sensible, sans tomber dans la juxtaposition). Je vous avoue ne pas avoir encore achevé cet ouvrage (presque 850 pages, ça se mérite! (les trois volumes de la trilogie sont réunis en un seul dans la version française)), mais être déjà convaincue au point que vous ayez à subir cet éloge...
Ca faisait en tous cas bien (trop) longtemps que je ne m'étais pas sentie tellement accrochée par un bouquin!


Quelques avant-goûts, pour ceux se sentent l'âme d'un(e) magicien(ne) en herbe :

1806: dans une Angleterre usée par les guerres napoléoniennes, un magicien à la mode ancienne, un certain Mr Norrel, offre ses services pour empêcher l'avance de la flotte française. En quelques tours, il redonne l'avantage aux Anglais. Norrell devient la coqueluche du pays.
Voguant sur sa gloire, il fait la connaissance d'un jeune et brillant magicien qu'il prend sous son aile, Jonathan Strange. Ensemble, les deux hommes vont éblouir l'Angleterre par leurs prouesses. Jusqu'à ce que l'audacieux Strange, attiré par les aspects les plus sombres de la magie, provoque la colère de Mr Norrell.
L'association tourne à la rivalité, causant bientôt des ravages insoupçonnables...


Volume I : Mr Norrell
Il ne parlait presque jamais magie et, quand il s'y risquait, c'était comme une leçon d'histoire et personne ne pouvait supporter de l'écouter.

Volume II : Jonathan Strange
"Un magicien peut-il tuer un homme avec sa magie?" demanda Lord Wellington à Strange.
Strange fronça le sourcil. La question ne lui plaisait guère. "J'imagine qu'un magicien le pourrait, reconnut-il, un gentleman jamais."

Volume III: John Uskglass
"Mr Norrel de Hanover-Square soutient que tout ce qui venait de John Uskglass devait être chassé de la magie moderne, comme on chasserait les mites et la poussière d'une vielle redingote. Que croit-il qu'il lui resterait? Si vous vous débarrassez de John Uskglass, vous n'étreindrez plus que du vide."
Jonathan Strange, prologue de L'Histoire et la Pratique de la magie anglaise, John Murray éditeur, Londres, 1816.


1 commentaire:

KhâlmarTsum a dit…

alléchant, même si le rouge sur fond noir a une sâle tendance à décoller les lentilles des yeux (ou peut etre est ce la lecture trop (in)attentive des polys d'éco?)

Peut être un jour, j'aurais le temps de relire le Petit Prince et Anatole Tamare, le zèbre à pois, et de commencer, enfin, à lire des vrais bouquin (avec des pages et tout et tout, et sans illustrations...)