lundi 3 mars 2008

Si nos amours d'antan se sont barrées

(pas la peine de chercher des alexandrins à tous les vers, vous vous emmêleriez les pieds (sans jeu de mots!!). Honneur au vers libre, pour une fois...).


Si nos amours d’antan se sont barrées
Que reste-t-il, dis moi, des heures passées ?


Nous étions gais et beaux, nous avions le cœur en fête
Et nos sourires noyaient le monde dans un baiser.
C’était la moire d’un soir doré sous nos fenêtres
Comme la main des dieux sur nos bonnes fées.

Nos rires avaient la couleur d’une onde qui fuit
Douce et vive, sous les brumes et les tristesses.
Sur nos peaux se mêlaient les parfums de ces nuits
Folles et brûlantes, aux foules en liesse.

Nous étions jeunes et confiants, sans crainte au cœur,
Aimant chaque jour pour les heures qu’il nous donnait.
Nous avions l’insouciance des saules pleureurs
Battus par les vents mais qui toujours pleuraient.

Qui aurait pu tarir ces rêves et cet amour ?
C’était folie que d’être triste autour de nous.
Les cours de nos destins mêlés au point du jour
Formaient notre harmonie dans l’harmonie du tout.


Si nos amours d’antan se sont barrées
Que reste-t-il, dis moi, des heures passées ?


Est-ce nos lèvres qui un temps se sont fait froides ?
Tes yeux avaient toujours le délavé d’un ciel pâli
Et la tendresse du blanc des voiles sur la rade.
Tes doigts étaient toujours les mots doux de ma vie.

Nous étions gais et beaux, je le savais.
Tu le savais, j’en étais sûre ; c’est la lumière
De ta peau d’or sous les couchants qui le disait,
Le parfum mâle de ta peau sous les draps clairs.

A tes regards je me donnais et tu aimais mes yeux;
Les cordes de la lyre qui chantait notre couple
Vibraient, éphémères, aux promesses que nous deux
Formions, comme deux âmes s’accouplent.

Etait-ce la joie qui rendait tes doigts tremblants ?
Nos rires avaient la couleur d’une onde qui fuit
Faillait-il que tes mains me fuient autant ?
Que mes regards se détournent d’un corps ami ?


Si nos amours d’antan se sont barrées
Que reste-t-il, dis moi, des heures passées ?


Nous étions la jeunesse et la passion pure
Et nous avions la fougue des amants qui s’étreignent,
Pourtant les jours d’amour dont brillait notre azur
S’étiraient, vacillants, comme les flammes qui s’éteignent.

Un jour comme au réveil nos cœurs se sont fermés;
Tu as repris ta main et j’ai repris la mienne.
Nous sommes restés là, ensemble et séparés
(La lune et le soleil s’ignorent bien sans haine).

Le temps a fui, délaissé par les rêves d’hier,
Il a coulé, grisâtre sous l’éclairage des ans,
Flot impotent qui traîne sans colère.
Nous étions tristes et sombres comme un dernier printemps.

L’âge, grand architecte, a tout aplani
Et ses caresses sèches ont rouillé nos miroirs.
Nous fûmes vieux, méfiants, las de nos pauvres vies
Et des mensonges creux qui fuyaient vers le soir.


Si nos amours d’antan se sont barrées…

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Il est beau ce poème... en tout cas, il m'a prise.
Contente de te retrouver sur un nouveau blog (ouf... cette fois, ce n'est pas sur skyblog ;)) et il est tout vivant cette fois !