vendredi 14 mars 2008

Petit mode d'emploi de la déprime (âmes sensibles s'abstenir)


C'est à la portée de tout le monde de déprimer.

Même ceux qui rechignent à faire des efforts peuvent, en suivant ces quelques conseils très simples, et à portée de n'importe quelle personne normalement constituée (pour les inconditionnels du sourire et les hystériques joyeux à plein temps, peut être faudra-t-il recourir à des procédés d'intimidation de la bonne humeur plus ... convaincants), parvenir à un état avancé de déprime tout à fait honorable, en un laps de temps relativement court.

La méthode "Comment déprimer en 5 leçons" propose ainsi un rapport coût/avantage sans équivalent (du moins dans ce qui se fait aujourd'hui, je ne dis pas qu'un ex-BL, profondément enrichi dans ce domaine par son expérience en prépa, ne parvienne un jour à compléter et théoriser tout ça bien mieux...). Et initie au véritable art de la déprime, à ses subtilités et à ses délices (si, si!). Quand à ceux qui sont déjà pro (oui, je sais qu'il y en a), chapeau! et louanges à ceux qui nous ont précédé dans la gloire dépressive...

Les propositions suivantes ne sont pas à considérer dans un ordre particulier, et le choix est laissé à la discrétion de l'utilisateur (qui, après tout, est le mieux placé pour savoir ce qui le rend le plus déprimé):



1) Cultiver la nostalgie

Ceci revient à s'appesantir sur son passé en prenant bien soin, non de faire rejaillir le bonheur de tel ou tel souvenir, mais de ressentir profondément le manque d'un tel bonheur, et son caractère irrémédiablement over. Le comble du raffinement revient alors, pour les perfectionnistes, à développer cette capacité d'être un "nostalgique du présent", comme je les appelle, c'est-à-dire à se trouver continuellement dans une situation où l'on regarde sa propre vie, sa vie actuelle, comme un fleuve qui coule et dont on ne peut arrêter le flot. L'effet est garanti, puisqu'on passe alors son temps à être triste d'être heureux (avec telle ou telle personne, dans tel ou tel lieu, à telle ou telle occasion), parce qu'on ne peut que penser que ce bonheur ne durera pas.

Les perfectionnistes se reconnaîtront.



2) Ecouter de la musique triste, si possible par temps grisâtre, ou temps de pluie

Le best est de choisir (et cela demande un travail non négligeable!) les chansons qui, même si vous pétez la forme et si vous pourriez éblouir le soleil tellement vous rayonnez de bonne humeur, vous foutraient le blues si vous les écoutiez à ce moment là. Croyez-moi, ce critère vaut la peine d'être retenu.

Je conseille aussi de prévoir une playlist (les adeptes de cette méthode confirmerons mes dires...) de manière que vous n'ayez pas besoin de vous arracher à vos méditations morbides et déprimantes pour changer de chanson. La continuité dans la mélodie triste à pleurer, les chansons d'amour (finissant mal en général) où la voix se brise à vous fendre l'âme, bref le pathos, le pathos, le pathos mes amis!! Ou encore, un metal un peu dark, qui aura de plus l'avantage d'être assorti à la couleur du ciel.



3) Se donner l'occasion de se dévaloriser soi-même

L'usage d'une balance, de pantalons vieux de plusieurs années (ceux qui vous avez gardé pour le jour où (le jour où...) vous aurez perdu les 5 kg qui s'accrochent violemment à vos cuisses), d'un miroir, de photos horribles (où vous étiez engoncés dans cette robe que votre mère avait absolument voulu que vous portiez...), etc... est fortement recommandé. Certains interdits doivent être pris en compte : pas de maquillage, pas de chaussures à talons, pas de gel pour la coiffure, etc... Bref, répugnez, chers patients, à employer des moyens qui auraient le tort de vous faire croire que vous pouvez camoufler ce qu'en réalité il vous faut constamment vous rappeler à vous-même : vous ne ressemblez vraiment à rien en ce moment.



4) Ecrire/lire votre déprime

Pour ceci, il convient d'abord de se constituer, au fur et à mesure des déprimes successives, un petit recueil de textes de votre propre cru (c'est souvent plus efficace car cela vous rappelle d'anciennes situations sensibles ou douloureuses plus proches du vous que les lamentations de Victor Hugo). Ceci suppose de faire l'effort de prendre un stylo, un bout de papier (quand je vous disais que c'était à votre portée), et de vider son coeur sur la page (parfois les yeux se vident de leurs larmes aussi... prévoir une boîte de mouchoirs à proximité). Attention! Ne pas tenter de mettre en forme sa déprime (éviter de chercher le mot juste pendant 10 min, par exemple), au risque d'introduire une distance entre la déprime et vous, ce qui gâcherait bien évidemment l'effet recherché. Utiliser le texte ou l'écriture pour coïncider avec votre malheur à travers la feuille blanche. C'est un peu subtile (je vous avais prévenu), mais initie aux raffinements de l'art auquel notre humble méthode tente de vous initier.

Je me permet d'offrir une illustration de mes propos par un poème de mon propre cru (assez ancien d'ailleurs), et qui s'intitule (n'est-ce pas merveilleux?) "Déprime":

Torches noires qui brûlent
Corps pourris qui empestent
Coulées glauques qui restent
Sous les pas qui reculent

Cauchemars qui accueillent
Bras macabres qui dansent
Tout résonne et l'absence
Des vivants frappe l'oeil

Rues désertes, souillées
Regards froids et sanglants
Qui balaient sur les bancs
Les cadavres glacés

Verte pluie qui crachote
Jour lugubre qui chasse
De sa lépreuse masse
Les lampes sous la flotte

Tension sourde, bruits lourds
Sur les seuils éventrés
Griffes nues, acérées
Mordent le beau velours

Eclats horribles sur
Nos rires gras qui saignent
Fantômes nus qui peignent
La mort sur tous les murs

Coeurs béants qui expirent
Joue humide qui rêve
Troncs brisés dont la sève
Colle aux rouges sourires

Aux dents blanches qui brillent
Répond l'âme innocente
Dans la blancheur dansante
Notre mort qui scintille



5) Choisir ses "amis"

Le problème, lorsqu'on souhaite parvenir à un niveau acceptable de déprime, est de ne pas se laisser consoler, surtout lorsqu'on est de naturel joyeux ou optimiste. Le mieux est alors de se confier aux personnes dont on sait qu'elles ont le moins de chance de nous apporter un quelconque réconfort. Se sentir seul au milieu des autres peut être, croyez-moi, bien plus efficace que d'être effectivement seul. Se cloîtrer chez soi favorise plutôt l'apathie que la déprime, et la présente méthode se refuse à proposer des ersatz. C'est pourquoi je vous conseille, après avoir amorcé votre avancée vers le cercle très restreint des déprimés accomplis, de compléter votre apprentissage par la sortie "dans le monde", dirons-nous, en vous assurant qu'une telle démarche ne pourra que vous convaincre plus fortement de votre déprime en la mettant en contraste avec le bien-être d'un monde qui ne vous touche plus.



Mes chers amis, cette leçon s'arrête ici. Espérons qu'elle vous aura été profitable.

Et que bien sûr vous n'aurez vu que cynisme dans toute cette histoire.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

se que je resen chak jour est écri la ..!

Anonyme a dit…

Ouai c'est vrai que là c'est difficile à Pas déprimé D'ailleur si Quelqu'un cherche une déprime j'en est une à donnée

Anonyme a dit…

je vous trouve...bizars! kel plaisir avez vous à vous rendre malade? car oui, je suis désolé, la déprime c'est une maladie, et quand on l'a conue ( la vrai déprime je veux dire, pas celle qu'on se crée), on ne souhaite pour rien au monde s'y replonger par simple plaisir...
sur ce bon courage dans vos vies bien triste et déprimantes... car vous en aurez besoin!

Anonyme a dit…

je trouve ca vrm nul !!! c'est afreux la vrai déprime et vranchemen s'en "moker" komm ca je trv ca imonde !!!
pck mwa je déprime grave et voir dé gens rigolé avc ca et tou ba ca me donn envi de vomir !!

Anonyme a dit…

Il faut se rire de tout, surtout des choses les plus tristes, alors ne nous reprochez pas de tourner en dérision la déprime qui elle nous a si souvent fait tourner en bourrique.
"Il faut rire de tout du moment que l'on ne méprise rien"